« Le pouvoir aux travailleurs », mission impossible ? Retour sur les raisons du non-recours aux coopératives pour sauver des entreprises - Cnam - Conservatoire national des arts et métiers Accéder directement au contenu
Pré-Publication, Document De Travail Année : 2022

« Le pouvoir aux travailleurs », mission impossible ? Retour sur les raisons du non-recours aux coopératives pour sauver des entreprises

Résumé

Les injonctions à l'entrepreneuriat sont anciennes et constituent désormais une vision naturalisée du monde du travail. Si elles prennent des formes renouvelées, comme en témoignent les startups aujourd'hui, la figure du self-made-man, parti de rien et ayant fortune, se retrouve régulièrement depuis le XIXe siècle. Depuis les crises des années 1970 et la constitution d'un chômage de masse, ces injonctions se sont diffusées et constituent désormais un paradigme qui accompagne les politiques de retour à l'emploi. Le statut d'autoentrepreneur apparu à la fin des années 2000 semble parachever son extension, en individualisant à l'extrême le travail, l'emploi et les rémunérations. Les effets de précarisation qui en sont solidaires sont désormais bien documentés (Abdelnour, 2017). Pourtant, face au chômage et à la précarité, d’autres modèles d’entrepreneuriat existent : les Sociétés coopératives et participatives (SCOP), anciennement Sociétés Coopératives Ouvrières de Production- sont des entreprises qui appartiennent à leurs salariés. Leurs statuts imposent des formes de gestion démocratiques du pouvoir et une redistribution encadrée des bénéfices de l’entreprise. A la différence des autres formes d’entrepreneuriat, les membres de ces entreprises ont d’une double qualité qui les protègent des affres de la précarité puisque leur statut d’entrepreneurs -sociétaires- se combine avec le statut de salariés. Démocratique, équitable et protectrice, ce modèle entrepreneurial cumule de nombreux points forts qui en fait un paradigme a priori idéal de lutte contre le chômage, notamment lors de plans sociaux. A la faveur de luttes salariales, il est d’ailleurs le modèle souvent le plus emblématique des coopératives. Pourtant, cette solution demeure très largement sous mobilisée lors de processus de redressements et de liquidations judiciaires. D’après nos enquêtes, sur les 60 000 procédures qui sont engagés chaque année dans les tribunaux de commerce, on ne compte qu’une petite dizaine de reprises d’entreprises en SCOP (Quijoux, 2019). Quelles sont les raisons qui expliquent un tel sous-recours à cette forme d’entrepreneuriat collectif ? Quels sont les freins sociaux, économiques, institutionnels et culturels ?

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Pourquoi les salariés reprennent si peu leurs entreprises en coopérative RT 25 congrès Lille 2021.pdf (248.02 Ko) Télécharger le fichier
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

halshs-03511084 , version 1 (04-01-2022)

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  • HAL Id : halshs-03511084 , version 1

Citer

Maxime Quijoux. « Le pouvoir aux travailleurs », mission impossible ? Retour sur les raisons du non-recours aux coopératives pour sauver des entreprises. 2022. ⟨halshs-03511084⟩
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